Cinquième partie du voyage en Inde du sud du 11 juin au 13 juin 2011

Le 11 juin

Réveil à 6 heures. Départ 6 h 30. Direction la rivière pour participer à la toilette des éléphants. Nous passons un bon moment avec eux. Ils viennent vers nous les uns après les autres conduits par leur gardien. Dignes et majestueux. Ces mastodontes se déplacent presque gracieusement.  Je sens un frémissement en moi.

Une joie enfantine. Je suis émerveillée. Nous avons brossé les petits. Impressionnant et émouvant. La peau est chaude, un peu rugueuse et les poils sont durs et raides, en brosse. Ils sont joueurs et bon public. J’aime leur contact. C’est avec confiance et amusement que nous les caressons.

Nous ne voudrions pas que cela s’arrête. Les quelques touristes venus pour observer leur ablution étaient partis. Nous sommes en tête à tête avec ces animaux d’un autre temps. 

Pas d’hésitation, les pieds dans l’eau. Oups ! Un des adultes a fait ses besoins. Ce n’est pas grave. Nous avons trop envie de les approcher. Nous sacrifions nos sandales par la même occasion. 

C’est un des moments fort de ce voyage. Il y a deux adultes que nous n’approcherons pas de trop et trois petits (à notre hauteur) qui se laissent grattouiller avec une coque de noix de coco coupée en deux ou trois. Et nous grattons et nous frottons pour aider leurs gardiens. C’est magique ! Nous les aspergeons, et recommençons à gratter et frotter.

Ils sont adorables et surtout bien dressés. Je pose mes mains. C’est une sensation nouvelle et unique. Je les caresse, je leur parle. Agnès fait de même. Nous nous occupons plus particulièrement d’un bébé.

Enfin un grand bébé. Je lui frotte les oreilles, le front. Il est visiblement bien content et tente de m’attraper le pied avec sa trompe. Agnès s’éclate tout autant à jouer avec lui et sa trompe. Elle leur donne à manger des bananes et fait des câlins. Un peu gros pour le prendre dans ses bras mais elle tente. Je me place face à ce doux bambin et je pose mes mains bien à plat sur son front. Je le regarde dans les yeux. Je reste tranquillement. Je l’entends « ronronner ». Si, si !!! C’est possible.

Nous les suivons à la ferme. La toilette est faite. Il y a un nouveau né (à hauteur de notre taille). Il est nourrit par un gardien. Les autres mangent aussi et partent se promener dans la forêt. Quelle rencontre ! C’est un rêve ! J’aimerai trouver une ferme où ils organisent des balades à dos d’éléphant… Agnès en rêve aussi. Elle a déjà eu la chance de se balader ainsi en Thaïlande. A suivre…

Ensuite, direction la montagne et ses « waters fall » c’est à dire une magnifique chute d’eau assez vertigineuse. Et tous ces petits singes qui nous observent ! Agnès (imprudente) sort de son sac un paquet de biscuit. Un singe tente de lui piquer son sac, attrape le paquet. Mais il a affaire à plus coriace.

Agnès ne lâche pas le paquet. Il râle, montre les dents. Elle gagne la partie. (Je souligne qu’il est interdit de les nourrir pour éviter ce genre d’incident). J’en profite alors pour râler moi aussi après Agnès. Non, je ne lui montre pas les dents. Mais c’est mérité. Le singe était vraiment excité. N’empêche qu’elle continue à distribuer ses biscuits. Je râle toujours… Elle est incorrigible.

Plus loin encore un incident. Nous sommes témoins d’un vol de trois bananes (ni vu ni connu). Un couple trop confiant qui a laissé son sac ouvert. Tiens, un nouveau braquage… Un singe qui pique un sac rempli de victuailles. Des fruits !!! Un jeune homme, chaussure à la main, tente de sauver son garde mangé. Il tient le sac d’un côté, le singe tire de l’autre et grogne vraiment.

Je m’inquiète de la suite du duel qui me semble mal parti pour ce jeune homme. Deux autres singes arrivent à la rescousse. Abandon du sac. Le repas de midi est assuré pour les macaques. Ils ne sont mêmes pas partageurs et se battent entre eux. Les petits nous font bien rire avec leurs cabrioles. Nous sommes si prés d’eux que nous pourrions les caresser. Je m’abstiens. Je les ai vu à l’œuvre. Agnès restera sage aussi. Ça change ! Que d’émotion !!!

Méga orage dans la jungle. Nous sortons les k-ways. Agnès fait moins la maligne. Elle a peur des orages. Je me marre parce qu’elle a la semelle de sa chaussure qui se décolle pour la énième fois. Je n’ai pas encore évoqué ce détail mais les sandales de ma cop’s sont en toc. Trois voyages qu’elle les traîne.

Ce sera le dernier à mon avis. Mais ma « Mike Gyver » ou « Joe les bons tuyaux » pour les intimes dégaine sa super colle. Ses semelles sont comme neuves. Déjà trois réparations de semelles depuis le début du voyage. Moi j’en suis à une. Merci Super colle ! Je la taquine.

 Le 12 juin

Temps d’attente à l’aéroport. Nous quittons Cochin. Petit topo sur la ville : c’est une ville très religieuse, très pratiquante. Il y a énormément d’églises, peu de temples, une mosquée et une synagogue. La ville en elle-même semble peu intéressante à part ce vieux quartier cossu où nous nous sommes établies. (Vers le port et ses immenses filets de pêche chinois).  Il y a de nombreuses « homestay » – chambres d’hôtes – comme celle que nous avons choisi.

Ce sont vraiment de très belles demeures bien entretenues. Sauf le jardin qui sert un peu de dépotoir quand même. Mais à préférer aux hôtels. (Ne pas craindre les douches froides). L’accueil fut chaleureux et convivial. Notre hôte et ses filles étaient aux petits soins pour nous. Une vraie « Indiana attitude » !

Ailleurs, Cochin n’est que béton et gigantesques panneaux publicitaires. La ville en est recouverte. C’est impressionnant. Du délire commercial ! Sans compter l’affichage sauvage. (Toujours ces visages poupons à la peau claire). La ville s’étend en quartiers/buildings et magasins de luxe : voitures, bijoux, vêtements… et autres boutiques/bazars en tout genre. Tout semble pêle-mêle. Il y a cependant beaucoup de végétation mais gâchée et cachée par ces immenses panneaux. Dommage !

Le paradoxe indien : C’est le pays de toutes les ferveurs spirituelles mais nous ne croisons qu’agitation, bruit… « bling bling ». Enfin dans les villes !

A ce propos, je reviens d’ailleurs sur notre sortie en house-boat pour donner un exemple décalé : cette promenade sur l’eau/silence s’est transformée en « shooting photo » car la mère et la fille de cette unique famille indienne à bord, se sont changées toute la journée pour poser.

C’était incongru, dérangeant mais surtout irrespectueux pour notre pauvre conducteur de barque. Vent de face avec cette grande embarcation, nous, nous souffrions pour lui. (Il plantait inlassablement son immense bambou pour prendre appui sur le fond et ainsi mouvoir son embarcation).

Elles allaient l’empêtrer continuellement. Je n’ai pas résisté. Je les ai dégagées. Elle, sa fille et son fils qui s’était remis à hurler. Le père n’a rien osé dire. Cela les a calmés sur la fin de notre périple. Ma patience à des limites. Bon, c’était ma minute « je rouspète ». Ce n’est certainement pas représentatif de la population et nous avons les mêmes comportements abusifs et beaufs chez nous.

Cependant, la population qui « s’en sort » (grassouillette) est gagnée par un modernisme « m’as tu vu ». La civilisation moderne gagne du terrain. Ils gagnent en confort et en hygiène,  mais je sens qu’ils y perdent leur âme comme nous avons perdu la nôtre. Y-a-t-il vraiment une incompatibilité entre Conscience et Bien-être matériel ? Il semblerait que partout, il nous soit difficile d’accéder aux deux en simultané… A méditer.

L’aéroport de Cochin est très accueillant. Son personnel aussi. Pause coffee/tea. Nous embarquons sur la Jet Airways Compagny. Une cinquantaine de places. Changement à Chennai. Nous nous envolons enfin pour Madurai. Une ville Sainte avec un temple très réputé. Le plus spectaculaire d’Inde semble dire le guide du routard.

Arrivées à 17 h, nous retrouvons l’Inde profonde et pittoresque. Taxi ! Je vois sur la route qui nous mène à l’hôtel le même désastre écologique. Mes yeux ne s’y habituent décidément pas. Les ordures jonchent le sol… Un corps maigre à moitié dévêtu gît sur le trottoir…

Des vaches, des chiens, des vieillards hagards, le bruit, les odeurs et le méli-mélo des rickshaws. Tiens ici, ils sont même à vélo. A l’ancienne. Ces chauffeurs là sont très maigres et dorment dans leur rickshaw. Je ne sais pas si je pourrai me faire conduire par un homme qui pédale. (Et en plus si nous sommes deux).

Agnès me dit que cela les fait au moins travailler. On peut voir cela comme cela. Mais je ne suis pas convaincue et je me sentirai vraiment mal à l’aise. Tout cela peut sembler lugubre comme description mais il y a « un je ne sais quoi » dans ce pays qui me fait regarder leur vie autrement (au-delà de ce que je vois). C’est un pays de contrastes… chaleur humaine… paysages magnifiques… excellente cuisine… Il n’y a pas que misère et mendicité…

A Madurai, il y a donc ce magnifique temple à proximité de l’hôtel. Nous nous sommes installées dans le centre ville. Nous avons choisi un hôtel recommandé par la guide du routard. Tout confort. 

Il fait nuit. Direction le temple. Une foule de fidèle… On se croirait à Lourdes « made in India ». Le temple est immense et dans la nuit nous apercevons ses quatre immenses tours (60 m) sculptées de divinités colorées. Oui, le mot c’est bien spectaculaire. A l’intérieur, c’est un labyrinthe tout autant coloré. Il y a encore quelques tours mais plus petites. Tout le monde circule bien sûr pieds nus. Vivement demain au grand jour.

Retour à l’hôtel. « Welcome » les blattes dans notre chambre. Incident diplomatique entre elles et Agnès. Help la réception. Changement de chambre and good night.

Le 13 juin

Je comprends mieux pourquoi cette foule au temple la veille. Nous sommes arrivées à Madurai en pleine fête religieuse. C’est bien ce que je disais, c’est comme à Lourdes un 15 août. Nous n’aurons pas beaucoup de tranquillité aujourd’hui non plus.

Nous avons rejoint un autre temple à l’extérieur de la ville en rickshaw avec une procession de fidèles « endimanchés ». Tant de saris en couleur qui virevoltent. Nous osons nous faufiler jusqu’à l’entrée du temple. Coude à coude.

L’ambiance est joyeuse autour de nous. Nous volons presque la vedette aux divinités !!! Une photo par-ci, une photo par-là. Nous nous amusons avec eux. Ils veulent surtout être photographiés et ils nous le réclament. Je leur montre les clichés. Cela leur plait. Leur front est couvert de traits de couleurs dont je ne connais pas la signification.

Le « troisième œil » est mis en évidence par un point noir, blanc, rouge ou jaune. Tout un message. Des hommes au crâne rasé peint en jaune… D’autres en pagne semblent être déjà dans un autre monde. Méditant, priant… Ils sont en communion… Notre rickshaw ne nous quitte pas d’une semelle. Il a peur de nous perdre dans la foule.

Nous renonçons donc à rentrer dans le temple. La foule est trop dense. J’imagine la même scène qu’au premier temple visité à Mysore. Notre rickshaw nous annonce trois heures pour l’aller-retour dans le temple. Il fait une de ces chaleurs en plus. Nous avons quitté l’air marin et humide de Cochin.

La nuit s’installe. Madurai ne fait pas exception aux coupures d’électricité où seules les boutiques possédant un groupe électrogène peuvent veiller. De retour à l’hôtel, je laisse Agnès à son énième et une fois réparation de semelles…

Bonsoir Madame blatte. Cette fois je l’écrase. C’est mauvais pour mon karma !!! Nous venons encore de changer de chambre pour cette dernière nuit à Madurai. Je n’ai pas envie de tester toutes celles de l’hôtel. Agnès n’a rien vu, c’est le principal. Il est 20 h. La journée a été riche en rencontres. Nous sommes ravies de notre étape.

Demain soir à 22 h nous partons pour Pondichéry. Je me prépare à un long voyage de 9 h en autocar non climatisé. Nous n’avons pas le choix.  Il n’y a ni train ni avion. Le plus de cette traversée, c’est que nous retournons vers la mer côté Est cette fois. Je prendrai patience. Je sais maintenant qu’il est très compliqué de circuler en Inde. Peu ou pas de départs et inconfort total. L’idéal étant l’avion mais il n’y a pas toujours d’aéroport non plus. Au moins nous arriverons à Pondichéry à une heure correcte. Pas comme à Cochin.

Zut, Agnès a lu mes notes. Elle vérifie sous les lits la non présence de blattes. Inspection terminée. Tout ok. Ouf !!! Douce nuit. L’hôtel est calme.

La suite du voyage en Inde du sud : Couleurs et contrastes en Inde du sud sixième partie