Sixième partie du voyage en Inde du sud du 14 au 16 juin 2011
Le 14 juin
La ville s’est vidée. Enfin, façon de parler. En tout cas, il n’y a plus tous ces pèlerins de la veille. Nous savons maintenant traverser les rues à l’indienne. Pas la peine de s’attarder de regarder s’il y a un véhicule ou non parce qu’il y en a toujours. Alors nous nous lançons et eux nous évitent. Ville sonore, quartier des artisans et des marchands.
Ville tentaculaire, multiples rues qui s’enchevêtrent. Nous nous perdons. Les noms sont difficiles à distinguer. Ils sont pourtant écris en anglais sur le fronton et enseignes des boutiques. Le plan du guide du routard n’est pas top. Help, rickshaw, direction l’hôtel.
Petite sieste et nous irons finir la visite du temple. Il n’y a vraiment plus personne. Le temple est calme.
19h : Nous avons quitté l’hôtel (24 sur 24). Ce qui est bien avec cette formule c’est que nous gardons notre chambre de 24 h en 24h. Nous laissons nos sacs (de plus en plus lourds) à la réception. Il nous reste 3 heures à passer avant notre départ.
Le 15 juin
Arrivée à Pondichéry à 7 h. Le voyage : égal aux autres. Je ne m’attarde donc pas. Réservation en chambre D’hôtes et chez un Français. Belle demeure. Il est 8 h 30. Nous sommes les seules résidentes. Il y a de nombreuses chambres spacieuses. Mais pas d’eau !!! Enfin, notre hôte nous a laissé pour aller faire quelques courses. Nous qui rêvions d’une bonne douche pour nous remettre du voyage. Nous n’avons plus qu’à patienter son retour. C’est le point fort dans ce pays : la patience.
Bruits de la ville : Je pense que tous les corbeaux de la planète se sont rassemblés en Inde. C’est comme les motos. Je n’en ai jamais autant vu.
J’écris pour lutter contre le sommeil. La route chaotique et la conduite brutale du chauffeur n’ont pas été de tout repos. Il fait bon ici. Ciel couvert. Il y a eu un gros orage hier. La mousson prend petit à petit ses quartiers dans tout le sud de l’Inde.
Toujours personne, toujours pas d’eau. Je vais visiter cette immense « maison blanche ». C’est son nom et elle le porte bien. La décoration est recherchée. Vraiment très chouette. Trop bruyant comme d’habitude. La ville et ses Klaxons… Nous irons voir peut être plus rapidement du côté d’Auroville en espérant plus de calme pour cette fin de voyage. Retour prévu le 24 juin.
Pondichéry est un ancien comptoir français. Il en reste des traces.
Agnès s’est endormie. Toujours pas d’hôte, pas d’eau… Je me marre. Il est vrai que je les ai prévenus un peu tardivement et comme il n’y a pas de touristes à cette époque… 8 h 45.
Je prends la mesure de mon voyage. Des hauts et des bas. Surtout des hauts et je suis toujours en accord avec mon choix d’un périple « désorganisé » et ses aléas. Cela nous pousse à aller à la rencontre de chacun. D’oser demander, de voir les coups de main arriver spontanément…
Les sourires de ces jeunes qui tentent de nous parler, les attrapes touristes en tout genre qu’il faut déjouer, les aides spontanées au bon moment, les animaux, une réalité parfois choquante de tous ces gens qui errent la main tendue ou tentant de nous vendre l’unique pacotille serrée en main. Celle qui, si elle est achetée, permettra un repas ou deux.
Combien de fois suis-je passée à côté de la « pacotille » qui achetée aurait pu aider à remplir un ventre ? Hommes, femmes, enfants vont au jour le jour. Les vieillards me semblent plus fragilisés encore. Je donne quelques roupies. Le revenu moyen par habitant est d’environ 1€ par jour. Avec toutes les disparités déjà évoquées.
Nous voyons la croissance d’une grande classe moyenne. Mais le désastre de l’ouverture du marché de l’agriculture aux énormes trusts nord américain (OGM et agriculture intensive) entraîne la faillite de nombreux petits agriculteurs. Ceux mêmes qui s’exilent dans les bidonvilles ou qui se suicident en masse à cause de leur surendettement laissant leur famille dans la précarité la plus totale…
Ah ! Enfin le bruit de l’eau. Notre hôte est de retour. Elle est charmante. La pompe à eau avait disjonctée à cause de l’orage. Nous faisons connaissance.
« C’est au tour de Carole de dormir un peu après un petit déjeuner bien mérité avec croissant, le 1er d’Inde, toasts, œufs, jus de fruits frais, café et thé … Nous voilà bien repues. Nous avons prévu un petit massage en début d’après midi et attendons des nouvelles de notre hôte qui s’en occupe. Notre maison d’hôtes est située à côté d’une école et j’entends les enfants réciter. Carole dort toujours épuisée par le voyage. » Agnès
Effectivement repos et massage nécessaire. La fatigue s’est envolée. Douce journée sans véritable programme.
Le 16 juin
Vous l’aurez compris, j’aime écrire et l’usage de mon iPhone facilite mes prises de note. Ce qui me permet de vous transmettre mon carnet de route au fur et à mesure. (J’espère ne pas laisser trop de fautes d’orthographe).
Je ne prends pas toujours le temps de me corriger. Je lis aussi sur mes mails, en retour de mes transmissions, combien certains et certaines suivent mon feuilleton avec assiduité. Donc, à la demande quasi générale, je continue d’écrire le best-seller de l’année.
Pour les autres vous pouvez me demander de vous désinscrire de ma « newsletter » ou/et de l’envoi de photos qui peuvent encombrer votre boite mail. Je suis aussi sur « Facebook » : « si tu veux être mon amie » !!! Il y a plus de photos.
Un ami d’Agnès vient de nous envoyer son propre carnet de route de son voyage en Inde en 1974 et en 1980. C’est cool ! Il y a des similitudes. Le pays semble figé dans certains domaines. Extrême saleté et pauvreté notamment non résolues. Et les transports n’en parlons pas !!!
Je remercie tout le monde pour ces sincères encouragements et les petits coucous très sympathiques que je reçois. Agnès en reçoit tout autant. Ces jours nous avons accès au wifi et cela me permet de transmettre aisément photos et textes.
Nous avons un ordinateur à disposition. Nous repartons le 18 et tout dépendra de la chambre d’hôte que nous trouverons. Nous essayons quand nous pouvons d’éviter les hôtels trop impersonnels et souvent inconfortables.
Je lis aussi beaucoup. Je connais le guide du routard par cœur !!! (Version 2011). Agnès en doute ! Elle me pique mes livres. Non, je plaisante. Mon sac à dos est chargé de 4 livres. Du coup, elle porte au moins celui qu’elle lit. Bien joué ! Je lui prête bien volontiers. Mes lectures du moment et que je recommande : « la prophétie des Andes », « l’homme qui voulait être heureux », « le cinquième accord toltèque » et mon écrivain chouchou et malheureusement disparu trop tôt « cher amour » de Bernard Giraudeau.
Agnès apprécie. Nous voyageons aussi en Amérique du sud, à Bali… Et puis ils nous permettent de belles discussions du genre : qui suis-je, ou vais-je… ??? L’ambiance de notre voyage se prête aussi à ces questions existentielles. De bons sujets de réflexion et de remise en question. Cela me connait.
Nous avons changé nos plans de route. Nous voulions aller à Hampi. Incontournable cité et ses nombreux temples. Mais c’est le vrai parcours du combattant. De Pondichéry, c’est une dizaine d’heures de voyage en train.
Et après, il nous faut retourner sur Bombay c’est à dire encore une dizaine d’heures d’autocar d’abord jusqu’à Goa pour prendre ensuite un avion jusqu’à Bombay. Nous n’avons pas envie de sacrifier nos derniers jours en Inde dans ces trajets harassants et hasardeux. Nous risquons en plus d’y retrouver la mousson qui s’amplifie de jour en jour par là-bas.
Donc, nous choisissons de rester dans les parages de Pondichéry pour notre dernière semaine. Il y a énormément de choses à voir, temples y compris.
Nous remontrons doucement sur Chennai d’où nous repartirons pour Bombay directement. Nous avons pris un billet d’avion pour retraverser sur la côte Ouest. Ainsi nous n’aurons plus de nuit/galère avec des trajets sans fin. Ouf!!!
Nous prenons, sur cette dernière ligne droite, le temps du repos et le rythme de vacances « farniente ». La chambre d’hôte où nous logeons est très agréable. Nous y resterons quatre nuits. Il n’y a toujours personne avec nous.
L’heureux propriétaire est en vacances. Sa collaboratrice, Bérengère, nous a laissé les clés.
Il y a « nous et les moustiques ». Le quartier est calme sauf le matin car il y a une école à proximité. Nous entendons chanter les enfants d’une seule et même voix. Ils récitent leurs leçons de la même façon. C’est trop mignon !
Dans cette grande « maison blanche » (c’est son nom et elle le porte bien), nous trouvons enfin un peu de calme et de repos. Quelqu’un vient le matin pour nous préparer le petit déjeuner.
Aujourd’hui, nous sommes allées à la plage. C’est dommage, le vent s’est levé. L’eau était à bonne température et il n’y avait pas grand monde. Il a fallu prendre une embarcation pour rejoindre cette plage nommée « Paradise Beach ». Tout un programme pour la baignade.
Hier, nous avons visité la ville et goûter à sa douceur de vivre. Moins de monde dans les rues, de belles maisons, des noms français sur les façades pour nous diriger… Le bord de mer et sa promenade où trône une magnifique statue de Gandhi.
Tiens ! Un éléphant à l’entrée d’un temple… On ne s’y attend pas. Il n’est même pas attaché et à deux belles chaînes à ses « patounes » mais ce sont des bijoux !!! Cela le féminise un peu. Sans doute une demoiselle. Tiens, je porte presque la même à ma cheville. « Mâdame » est impressionnante mais bien dressée.
Il faut lui donner à manger et ensuite une pièce qu’elle s’empresse de saisir de sa trompe pour la donner à son propriétaire. Ensuite, et seulement si elle a eu une pièce, elle pose sa trompe sur la tête de la personne comme pour la bénir. Trop drôle. J’ai filmé Agnès plus téméraire que moi. Je n’en ai pas perdu une miette.
Je pensais ne pas avoir grand chose à dire. Rien de croustillant aujourd’hui ! Mais, rebondissement, nous avons la visite d’un indien et ami du propriétaire. Il était heureux de pouvoir s’exprimer en français. Il l’était encore plus quand il a su que nous venions de Lyon.
Il y a déjà séjourné et revient cet automne. Nous avons pu en savoir plus sur leurs habitudes de vie. Notamment, j’ai été surprise de savoir que les mariages étaient souvent encore arrangés. Lui-même a connu sa femme 3/4 d’heure avant son mariage. Mais il est heureux et a deux filles.
Des jumelles. Nous apprenons aussi que les indiens boivent beaucoup et frappent leur femme. Je n’ose croire à une généralité. Le système de « castes » est toujours omniprésent. Ils en connaissent les codes et ne se mélangent pas. Les plus nantis sont tellement méprisants avec les autres. Ils cherchent à se marier avec des indiennes qui ont la nationalité française (il y en a beaucoup à Pondichéry) et n’hésitent pas à payer 700000 roupies pour cela. 100 roupies = environ 2 €. Faites le calcul. Ainsi ils espèrent pouvoir venir vivre en France qui représente l’Eldorado. Les légendes sont tenaces !!!
Nous l’avons retenu un bon moment et il s’est proposé de nous guider dans la ville après-demain. Demain nous allons à Auroville.
Enfin si Agnès va mieux, parce que ce soir, ce n’est pas la grande forme. Insolation ou turista ? Heureusement, je suis atteinte de prévoyance « naturopathesque » aigüe et j’ai une pharmacie à la hauteur des risques sanitaires encourus dans ce pays. Ça c’est bien dit !!!
Bon, à moi de jouer.
La suite du voyage en Inde du sud : Couleurs et contrastes en Inde du sud septième partie